Affronter les vagues des océans n'est pas sans risque pour le skipper et son équipe. Alors, une question se pose : comment sont assurés les bateaux et leur skipper ?
C’est un sujet d’actualité puisque se déroule en ce moment l’une des plus prestigieuses courses de voile : le Vendée Globe. Cette course en solitaire et sans assistance autour du monde pousse tous les 4 ans une vingtaine de skippers à voguer sur les mers du globe pendant plusieurs mois.
Affrontant les vagues de l’Atlantique, du Pacifique et de l’Indien, les skippers et leurs bateaux sont mis à rude épreuve et les mésaventures sont courantes. Ces bateaux engagés sur cette course sont des voiliers monocoques de 60 pieds IMOCA. Ces formules 1 des mers sont de véritables joyaux, rapides et solides. Cependant, les océans et leurs lots de mauvaises surprises restent impitoyables. Au cours des différentes éditions, de nombreux naufrages et avaries sont à répertorier. Alors, une question se pose : comment sont assurés ces bateaux et leur skipper ?
Tout récemment, le skipper normand Kévin ESCOFFIER sur l’IMOCA PRB a coulé son bateau au large du cap de Bonne Espérance. Secouru par un compagnon de course, Jean LE CAM, le bateau, lui, n’a, pour le moment, pas été retrouvé. Considéré comme un des très bons bateaux de la flotte IMOCA, son skipper avait pour objectif d’atteindre le Top 5 voir le podium sur cette édition 2020. La valeur estimée du navire atteignait les 2 millions d’euros. Or, nous avons appris il y a quelques jours que le bateau n’était pas assuré !
« Il faut savoir que pour l’assurance d’un bateau de 2 millions d’euros, vous ôtez 700 000 € de foils (ce sont des extensions sur les côtés du voilier ressemblant à des ailes) qui ne sont pas assurés, 500 000 € de mât qui n’est pas assuré, 300 000 € de voiles qui ne sont pas assurées auxquels vous ajoutez une franchise de 70 000 €. Il reste 500 000 €. »
Jean-Jacques LAURENT, président de l’entreprise PRB a donné plusieurs explications à cela auprès de Ouest France
L’organisation de la course oblige les skippers à détenir une assurance responsabilité civile couvrant les dommages causés à des tiers, c’est-à-dire si le voilier percute, entraine des dommages, voire blesse un tiers. Ces accidents sont très rares, mais pas nul. Comme le rapporte Ouest France, au départ de la Volvo Ocean Race en 2015, le trimaran de Yann Guichard a percuté un canot pneumatique blessant une passagère à bord.
Ensuite, certains skippers décident d’assurer en complément les dommages sur leur bateau. Ce sont essentiellement la coque ainsi que la quille qui sont assurées, c’est-à-dire la structure même du bateau. Le reste comme les voiles, le mât ou encore l’électronique ne sont pas assurables à cause de leur fragilité. Les IMOCA sont des voiliers extrêmement sophistiqués. Chaque équipement coûte très cher. Par exemple, un compas (la boussole) coûtant 200 € sur un voilier de plaisance reviendra à environ 10 000 € sur la classe IMOCA.
Certains sites spécialisés comme Tip & Shaft ont mené une enquête afin de connaître le prix des assurances si spécifiques. Il faut compter entre 10 et 12 % de la valeur du bateau en prime annuelle. Cela revient donc à plus de 500 000 € pour les plus grosses écuries.
L’assurance représente donc un coût très important qui est en forte augmentation constituant ainsi le 1er poste de dépense parfois pour certaines équipes. Cette situation pousse donc certains skippers à renoncer tout simplement à s’assurer.
Cela peut paraître très paradoxal quand on ne voit pas moins de 4 représentants de l’assurance et bancassurance engagés sur l’édition 2020 du Vendée Globe :
Sources :